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Deux jours après avoir lu cette réponse, Eve fut obligée de prendre une nourrice : son lait tarissait. Après avoir fait un dieu de son frère, elle le voyait dépravé par l'exercice des plus belles facultés ; enfin, pour elle, il roulait dans la boue. Cette noble créature ne savait pas transiger avec la probité, avec la délicatesse, avec toutes les religions domestiques cultivées au foyer de la famille, encore si pur, si rayonnant au fond de la province. David avait donc eu raison dans ses prévisions. Quand le chagrin, qui mettait sur son front si blanc des teintes de plomb, fut confié par Eve à son mari dans une de ces limpides conversations où le ménage de deux amants peut tout se dire, David fit entendre de consolantes paroles. Quoiqu'il eût les larmes aux yeux en voyant le beau sein de sa femme tari par la douleur, et cette mère au désespoir de ne pouvoir accomplir son oeuvre maternelle, il rassura sa femme en lui donnant quelques espérances. | Два дня спустя после получения этого ответа Еве пришлось взять кормилицу: у нее пропало молоко. Когда-то она сотворила себе кумира из своего брата, и вот теперь он осквернил себя, злоупотребив своими самыми высокими дарованиями; короче, в ее глазах он упал в грязь. Это благородное создание не могло поступиться честностью, щепетильностью, всеми семейными святынями, взлелеянными у домашнего очага, еще столь непорочного, столь лучезарного в провинциальной глуши. Итак, Давид был прав в своем предвидении. Когда скорбь, наложившая свинцовые тени на ее нежное лицо, понудила Еву открыться мужу в с дну из тех светлых минут, в которые влюбленные супруги говорят по душе, Давид нашел слова утешения. Хотя он без слез не мог видеть прекрасную грудь жены, иссушенную горем, видеть эту мать, отчаявшуюся исполнить свой материнский долг, все же он старался ободрить ее, подав ей некоторую надежду. |
- Vois-tu, mon enfant, ton frère a péché par l'imagination. Il est si naturel à un poète de vouloir sa robe de pourpre et d'azur, il court avec tant d'empressement aux fêtes ! Cet oiseau se prend à l'éclat, au luxe, avec tant de bonne foi que Dieu l'excuse là où la Société le condamne ! | - Полно, мое дитя, твой брат грешил от избытка воображения. Так естественно, что поэт жаждет нарядов из пурпура и лазури; его так страстно влечет к пиршествам! Этот птенец так доверчиво попадается на приманку роскоши, внешнего блеска, что бог простит его, если общество его и осудит! |
- Mais il nous tue !... s'écria la pauvre femme. | - Но он нас губит!..- вскричала несчастная женщина. |
- Il nous tue aujourd'hui comme il nous sauvait il y a quelques mois en nous envoyant les prémices de son gain ! répondit le bon David, qui eut l'esprit de comprendre que le désespoir menait sa femme au delà des bornes et qu'elle reviendrait bientôt à son amour pour Lucien. Mercier disait dans son Tableau de Paris, il y a environ cinquante ans, que la littérature, la poésie, les lettres et les sciences, que les créations du cerveau ne pouvaient jamais nourrir un homme ; et Lucien, en sa qualité de poète, n'a pas cru à l'expérience de cinq siècles. Les moissons arrosées d'encre ne se font (quand elles se font) que dix ou douze ans après les semailles, et Lucien a pris l'herbe pour la gerbe. Il aura du moins appris la vie. Après avoir été la dupe d'une femme, il devait être la dupe du monde et des fausses amitiés. L'expérience qu'il a gagnée est chèrement payée, voilà tout. Nos ancêtres disaient : Pourvu qu'un fils de famille revienne avec ses deux oreilles et l'honneur sauf, tout est bien... | - Нынче он нас губит, а тому несколько месяцев он нас спас, послав нам свой первый заработок!-отвечал добрый Давид, который понимал, что, как ни велико отчаянье жены, все же ее любовь к Люсьену скоро вернется.- Мерсье, пятьдесят лет назад, сказал в своих "Картинах Парижа", что литература, поэзия, искусство и наука, эти детища человеческого мозга, никогда не могли прокормить человека; а Люсьен, как поэт, не поверил опыту пяти веков. Посев, орошенный чернилами, дает всходы (если только он их дает!) лет десять, двенадцать спустя, и Люсьен принял плевелы за пшеницу. Однако он познал жизнь. Помимо того, что он обманулся в женщине, ему суждено было обмануться в свете и в мнимых друзьях. Познание далось ему дорогой ценою, вот и все. Наши деды говорили: "Береги честь смолоду..." |
- L'honneur !... s'écria la pauvre Eve. Hélas ! à combien de vertus Lucien a-t-il manqué !... Ecrire contre sa conscience ! Attaquer son meilleur ami !... Accepter l'argent d'une actrice !... Se montrer avec elle ! Nous mettre sur la paille !... | - Честь!..- вскричала бедная Ева.- Увы! Сколько бесчестного натворил Люсьен!.. Писать против совести! Нападать на своего лучшего друга!.. Жить на средства акт" рисы!.. Открыто показываться с ней! Пустить нас по миру!.. |
- Oh ! cela, ce n'est rien !... s'écria David qui s'arrêta. | - Ну, это еще пустяки!..- вскричал Давид и умолк. |
Le secret du faux commis par son beau-frère allait lui échapper, et malheureusement Eve, en s'apercevant de ce mouvement, conserva de vagues inquiétudes. | Он чуть было не обмолвился о подложных векселях своего шурина, но, к несчастью, Ева заметила его оговорку, и ею овладело смутное беспокойство. |
- Comment rien ! répondit-elle. Et où prendrons-nous de quoi payer trois mille francs ? | - Пустяки?-отвечала она.- А откуда возьмем мы три тысячи франков, чтобы оплатить векселя? |
- D'abord, reprit David, nous allons avoir à renouveler le bail de l'exploitation de notre imprimerie avec Cérizet. Depuis six mois les quinze pour cent que les Cointet lui allouent sur les travaux faits pour eux lui ont donné six cents francs, et il a su gagner cinq cents francs avec des ouvrages de ville. | - Прежде всего,- отвечал Давид,- Серизе возобновит договор на аренду типографии. В течение полугода пятнадцать процентов с заказов, предоставляемых ему Куэнте, принесли шестьсот франков дохода, да на городских заказах он заработал еще пятьсот франков. |
- Si les Cointet savent cela, peut être ne recommenceront-ils pas le bail ; ils auront peur de lui, dit Eve ; car Cérizet est un homme dangereux. | - Если Куэнте узнают об этом, они, пожалуй, побоятся возобновить договор,- сказала Ева,- ведь Серизе - человек опасный. |
- Eh ! que m'importe ! s'écria Séchard, dans quelques jours nous serons riches ! Une fois Lucien riche, mon ange, il n'aura que des vertus... | - Э, пустое! - вскричал Сешар.- Еще несколько дней - и мы будем богачами! А раз Люсьен будет богат, мой ангел, он станет воплощенной добродетелью... |
- Ah ! David, mon ami, mon ami, quel mot viens-tu de laisser échapper ! En proie à la misère, Lucien serait donc sans force contre le mal ! Tu penses de lui tout ce qu'en pense monsieur. d'Arthèz ! Il n'y a pas de supériorité sans force, et Lucien est faible... Un ange qu'il ne faut pas tenter, qu'est-ce ?... | - Ах, Давид! Друг мой, друг мой, какое слово сказал ты! Стало быть, в тисках нужды Люсьен бессилен против зла? Ты о нем такого же мнения, как и господин д'Артез! Гениальность и бессилие несовместимы, а Люсьен слаб... Ангел, которого не должно искушать, какой же это ангел?.. |
- Eh ! c'est une nature qui n'est belle que dans son milieu, dans sa sphère, dans son ciel. Lucien n'est pas fait pour lutter, je lui épargnerai la lutte. Tiens, vois ! je suis trop près du résultat pour ne pas t'initier aux moyens. Il sortit de sa poche plusieurs feuillets de papier blanc de la grandeur d'un in-octavo, les brandit victorieusement et les apporta sur les genoux de sa femme. - Une rame de ce papier, format grand-raisin, ne coûtera pas plus de cinq francs, dit-il en faisant manier les échantillons à Eve, qui laissait voir une surprise enfantine à l'aspect d'une si petite chose apportée comme preuve de résultats si grands. | - Надобно знать, что это натура прекрасная лишь в своей среде, в своей области, на своем небосводе. Люсьен не создан для борьбы, я избавлю его от необходимости бороться. Видишь ли, я так близок к цели, что могу посвятить тебя в свою работу.- Он извлек из кармана несколько листков белой бумаги размером in octavo, торжествующе взмахнул ими и положил их на колени жены.- Стопа такой бумаги, формата "большой виноград", будет стоить не дороже пяти франков,- сказал он, передавая образцы Еве, которая рассматривала их с ребяческим удивлением. |
A une question de sa femme, qui ne savait pas ce que voulait dire ce mot grand-raisin, Séchard lui donna sur la papeterie des renseignements qui ne seront point déplacés dans une oeuvre dont l'existence matérielle est due autant au papier qu'à la presse. | |
Le papier, produit non moins merveilleux que l'impression à laquelle il sert de base, existait depuis long-temps en Chine quand, par les filières souterraines du commerce, il parvint dans l'Asie-Mineure, où, vers l'an 750, selon quelques traditions, on faisait usage d'un papier de coton broyé et réduit en bouillie. La nécessité de remplacer le parchemin, dont le prix était excessif, fit trouver, par une imitation du papier bombycien (tel fut le nom du papier de coton en Orient), le papier de chiffon, les uns disent à Bâle, en 1170, par des Grecs réfugiés ; les autres disent à Padoue, en 1301, par un Italien nommé Pax. Ainsi le papier se perfectionna lentement et obscurément ; mais il est certain que déjà sous Charles VI on fabriquait à Paris la pâte des cartes à jouer. Lorsque les immortels Faust, Coster et Guttemberg eurent inventé LE LIVRE, des artisans, inconnus comme tant de grands artistes de cette époque, approprièrent la papeterie aux besoins de la typographie. Dans ce quinzième siècle, si vigoureux et si naif, les noms des différents formats de papier, de même que les noms donnés aux caractères, portèrent l'empreinte de la naiveté du temps. Ainsi le Raisin, le Jésus, le Colombier, le papier Pot, l'Ecu, le Coquille, le Couronne, furent ainsi nommés de la grappe, de l'image de Notre-Seigneur, de la couronne, de l'écu, du pot, enfin du filigrane marqué au milieu de la feuille, comme plus tard, sous Napoléon, on y mit un aigle : d'où le papier dit grand-aigle. De même, on appela les caractères Cicéro, Saint-Augustin, Gros-Canon, des livres de liturgie, des oeuvres théologiques et des traités de Cicéron auxquels ces caractères furent d'abord employés. L'italique fut inventé par les Alde, à Venise : de là son nom. Avant l'invention du papier mécanique, dont la longueur est sans limites, les plus grands formats étaient le Grand-Jésus ou le Grand-Colombier ; encore ce dernier ne servait-il guère que pour les atlas ou pour les gravures. En effet, les dimensions du papier d'impression étaient soumises à celles des marbres de la presse. A l'époque où Séchard cherchait à résoudre le problème de la fabrication du papier à bon marché, l'existence du papier continu paraissait une chimère en France, quoique déjà Denis Robert d'Essone eût, vers 1799, inventé pour le fabriquer une machine que depuis Didot-Saint-Léger essaya de perfectionner. Le papier vélin, inventé par Ambroise Didot, ne date que de 1780. Ce rapide aperçu démontre invinciblement que toutes les grandes acquisitions de l'industrie et de l'intelligence se sont faites avec une excessive lenteur et par des agrégations inaperçues, absolument comme procède la Nature. Pour arriver à leur perfection, l'écriture, le langage peut-être !... ont eu les mêmes tâtonnements que la typographie et la papeterie. | |
- Des chiffonniers ramassent dans l'Europe entière les chiffons, les vieux linges, et achètent les débris de toute espèce de tissus, dit Séchard à sa femme en terminant. Ces débris, triés par sortes, s'emmagasinent chez les marchands de chiffons en gros, qui fournissent les papeteries. Pour te donner une idée de ce commerce, apprends mon enfant, qu'en 1814 le banquier Cardon, propriétaire des cuves de Buges et de Langlée, où Léorier de l'Isle essaya dès 1776 la solution du problème dont s'occupa ton père, avait un procès avec un sieur Proust à propos d'une erreur de deux millions pesant de chiffons dans un compte de dix millions de livres, environ quatre millions de francs. Le fabricant lave ses chiffons et les réduit en une bouillie claire qui se passe, absolument comme une cuisinière passe une sauce à son tamis, sur un châssis en fer appelé forme, et dont l'intérieur est rempli par une étoffe métallique au milieu de laquelle se trouve le filigrane qui donne son nom au papier. De la grandeur de la forme dépend alors la grandeur du papier. | |
- Eh ! bien, comment as-tu fait ces essais ? dit Eve à David. | - Ну, хорошо! А как же ты производил свои опыты?- спросила Ева. |
- Avec un vieux tamis en crin que j'ai pris à Marion, répondit-il. | - Я просто взял у Марион старое волосяное сито,- ответил Давид. |
- Tu n'es donc pas encore content ? demanda-t-elle. | - И ты все же не удовлетворен? -спросила она. |
- La question n'est pas dans la fabrication, elle est dans le prix de revient de la pâte ; car je ne suis qu'un des derniers entrés dans cette voie difficile. Madame Masson, dès 1794, essayait de convertir les papiers imprimés en papier blanc ; elle a réussi, mais à quel prix ! En Angleterre, vers 1800, le marquis de Salisbury tentait, en même temps que Séguin en 1801, en France, d'employer la paille à la fabrication du papier. | - Вопрос не в способе производства, а в стоимости бумажной массы. Увы, дитя мое! Я лишь один из последних, вступивших на этот тернистый путь. Госпожа Массон еще в 1794 году пыталась переработать макулатуру в чистую бумагу, она добилась своего, но чего это ей стоило! В 1801 году маркиз Салсбери в Англии, а Сеген во Франции пробовали вырабатывать бумагу из соломы. |
Une foule de grands esprits a tourné autour de l'idée que je veux réaliser. Dans le temps où j'étais chez messieurs Didot, on s'en occupait déjà comme on s'en occupe encore ; car aujourd'hui le perfectionnement cherché par ton père est devenu l'une des nécessités les plus impérieuses de ce temps-ci. Voici pourquoi. Le linge de fil est, à cause de sa cherté, remplacé par le linge de coton. Quoique la durée du fil, comparée à celle du coton, rende, en définitive, le fil moins cher que le coton, comme il s'agit toujours pour les pauvres de sortir une somme quelconque de leurs poches, ils préfèrent donner moins que plus, et subissent, en vertu du vae victis ! des pertes énormes. La classe bourgeoise agit comme le pauvre. Ainsi le linge de fil va manquer, et l'on sera forcé de se servir de chiffons de coton. | |
Aussi l'Angleterre, où le coton a remplacé le fil chez les quatre cinquièmes de la population, a-t-elle commencé à fabriquer le papier de coton. Ce papier, qui d'abord a l'inconvénient de se couper et de se casser, se dissout dans l'eau si facilement qu'un livre en papier de coton s'y mettrait en bouillie en y restant un quart d'heure, tandis qu'un vieux livre ne serait pas perdu en y restant deux heures. On ferait sécher le vieux livre ; et, quoique jauni, passé, le texte en serait encore lisible, l'oeuvre ne serait pas détruite. Nous arrivons à un temps où, les fortunes diminuant par leur égalisation, tout s'appauvrira : nous voudrons du linge et des livres à bon marché, comme on commence à vouloir de petits tableaux, faute d'espace pour en placer de grands. Les chemises et les livres ne dureront pas, voilà tout. La solidité des produits s'en va de toutes parts. Aussi le problème à résoudre est-il de la plus haute importance pour la littérature, pour les sciences et pour la politique. | |
Il y eut donc un jour dans mon cabinet une vive discussion sur les ingrédients dont on se sert en Chine pour fabriquer le papier. Là, grâce aux matières premières, la papeterie a, dès son origine, atteint une perfection qui manque à la nôtre. On s'occupait alors beaucoup du papier de Chine, que sa légèreté, sa finesse rendent bien supérieur au nôtre, car ces précieuses qualités ne l'empêchent pas d'être consistant ; et, quelque mince qu'il soit, il n'offre aucune transparence. Un correcteur très-instruit (à Paris il se rencontre des savants parmi les correcteurs : Fourier et Pierre Leroux sont en ce moment correcteurs chez Lachevardière !...) ; donc le comte de Saint-Simon, correcteur pour le moment, vint nous voir au milieu de la discussion. | |
Il nous dit alors que, selon Kempfer et Du Halde, le broussonatia fournissait aux Chinois la matière de leur papier tout végétal, comme le nôtre d'ailleurs. Un autre correcteur soutint que le papier de Chine se fabriquait principalement avec une matière animale, avec la soie, si abondante en Chine. Un pari se fit devant moi. Comme messieurs Didot sont les imprimeurs de l'Institut, naturellement le débat fut soumis à des membres de cette assemblée de savants. M. Marcel, ancien directeur de l'imprimerie impériale, désigné comme arbitre, renvoya les deux correcteurs par-devant monsieur l'abbé Grozier, bibliothécaire à l'Arsenal. Au jugement de l'abbé Grozier, les correcteurs perdirent tous deux leur pari. Le papier de Chine ne se fabrique ni avec de la soie ni avec le broussonatia ; sa pâte provient des fibres du bambou triturées. | |
L'abbé Grozier possédait un livre chinois, ouvrage à la fois iconographique et technologique, où se trouvaient de nombreuses figures représentant la fabrication du papier dans toutes ses phases, et il nous montra les tiges de bambou peintes en tas dans le coin d'un atelier à papier supérieurement dessiné. Quand Lucien m'a dit que ton père, par une sorte d'intuition particulière aux hommes de talent, avait entrevu le moyen de remplacer les débris du linge par une matière végétale excessivement commune, immédiatement prise à la production territoriale, comme font les Chinois en se servant de tiges fibreuses, j'ai classé tous les essais tentés par mes prédécesseurs en les répétant, et je me suis mis enfin à étudier la question. Le bambou est un roseau : j'ai naturellement pensé aux roseaux de notre pays. | |
Notre roseau commun, l'arundo phragmitis, a fourni les feuilles de papier que tu tiens. Mais je vais employer les orties, les chardons ; car, pour maintenir le bon marché de la matière première, il faut s'adresser à des substances végétales qui puissent venir dans les marécages et dans les mauvais terrains : elles seront à vil prix. Le secret gît tout entier dans une préparation à donner à ces tiges. En ce moment mon procédé n'est pas encore assez simple. | Наш обыкновенный тростник arundo phragmitis послужил материалом для тех листов бумаги, которые ты держишь в руках. Но я хочу испробовать и крапиву и чертополох,- чтобы добиться дешевизны сырья, надо его искать среди растений, произрастающих на земле, непригодной для обработки, или на болотах: даровое сырье! Весь секрет в том, как обрабатывать стебли. Мой способ пока что еще недостаточно прост. |
La main-d'oeuvre n'est rien en Chine ; une journée y vaut trois sous : aussi les Chinois peuvent-ils, au sortir de la forme, appliquer leur papier feuille à feuille entre des tables de porcelaine blanche chauffées, au moyen desquelles ils le pressent et lui donnent ce lustre, cette consistance, cette légèreté, cette douceur de satin, qui en font le premier papier du monde. Eh ! bien, il faut remplacer les procédés du Chinois par quelque machine. On arrive par des machines à résoudre le problème du bon marché que procure à la Chine le bas prix de sa main-d'oeuvre. Si nous parvenions à fabriquer à bas prix du papier d'une qualité semblable à celui de la Chine, nous diminuerions de plus de moitié le poids et l'épaisseur des livres. | |
Un Voltaire relié, qui, sur nos papiers vélins, pèse deux cent cinquante livres, n'en pèserait pas cinquante sur papier de Chine. Et voilà, certes, une conquête. L'emplacement nécessaire aux bibliothèques sera une question de plus en plus difficile à résoudre à une époque où le rapetissement général des choses et des hommes atteint tout, jusqu'à leurs habitations. A Paris, les grands hôtels, les grands appartements seront tôt ou tard démolis ; il n'y aura bientôt plus de fortunes en harmonie avec les constructions de nos pères. Quelle honte pour notre époque de fabriquer des livres sans durée ! Encore dix ans, et le papier de Hollande, c'est-à-dire le papier fait en chiffon de fil, sera complétement impossible. | |
Je veux y aviser et donner à la fabrication du papier en France le privilége dont jouit notre littérature, en faire un monopole pour notre pays, comme les Anglais ont celui du fer, de la houille ou des poteries communes. Je veux être le Jacquard [Coquille du Furne : Jacquart.] de la papeterie. | Ну что же! Несмотря на все трудности, я хочу поставить французское бумажное производство в особое положение, подобное тому, какое занимает наша литература; я хочу добиться, чтобы производство бумаги стало исключительным правом нашей страны, как монополией Англии стали железо, каменный уголь, гончарные изделия. Я хочу стать Жаккаром бумажного производства. |
Eve se leva, mue par un enthousiasme et par une admiration que la simplicité de David excitait ; elle ouvrit ses bras et le serra sur son coeur en penchant sa tête sur son épaule. | Ева встала, онемев от восторга, восхищенная простотой Давида; она обняла его и прижала к своему сердцу, склонив голову ему на плечо. |
- Tu me récompenses comme si j'avais déjà trouvé, lui dit-il. | - Ты вознаграждаешь меня, точно я уже сделал открытие,- сказал он. |
Pour toute réponse, Eve montra sa belle figure tout inondée de larmes, et resta pendant un moment sans pouvoir parler. | Вместо ответа Ева обратила к нему прекрасное лицо, все в слезах, и несколько секунд не могла вымолвить ни слова. |
- Je n'embrasse pas l'homme de génie, dit-elle, mais le consolateur ! A une gloire tombée, tu m'opposes une gloire qui s'élève. Aux chagrins que me cause l'abaissement d'un frère, tu opposes la grandeur du mari... Oui, tu seras grand comme les Graindorge, les Rouvet, les Van Robais, comme le Persan qui nous a donné la garance, comme tous ces hommes dont tu m'as parlé, dont les noms restent obscurs parce qu'en perfectionnant une industrie ils ont fait le bien sans éclat. | - Я обнимаю не гения,- сказала она,- а утешителя! Славе падшей ты противопоставляешь славу восходящую, скорби, которую причинило мне падение брата, ты противопоставляешь величие мужа... Да, ты будешь велик, как Грендорж, Руве, ван Робе, как тот персианин, который открыл марену, как все те люди, о которых ты мне рассказывал и чьи имена остались безвестными, потому что, совершенствуя промышленность, они в тиши трудились на благо человечества. |
- Que font-ils, à cette heure ?... disait Boniface. | - Чем они заняты в такой час?..- сказал Бонифас. |
Le grand Cointet se promenait sur la place du Mûrier avec Cérizet en examinant les ombres de la femme et du mari qui se dessinaient sur les rideaux de mousseline ; car il venait causer tous les jours à minuit avec Cérizet, chargé de surveiller les moindres démarches de son ancien patron. | Куэнте-большой прохаживался вместе с Серизе по площади Мюрье, вглядываясь в освещенные окна, где на муслиновых занавесях вырисовывались тени Евы и ее мужа: Куэнте каждый вечер в полночь приходил к Серизе, на обязанности которого было следить за малейшим шагом его бывшего хозяина. |
- Il lui montre, sans doute, les papiers qu'il a fabriqués ce matin, répondit Cérizet. | - Не иначе, как он показывает ей бумагу, которую изготовил утром,- отвечал Серизе. |
- De quelles substances s'est-il servi ? demande le fabricant de papier. | - Какое он применяет сырье? - спросил бумажный фабрикант. |
- Impossible de le deviner, répondit Cérizet, j'ai troué le toit, j'ai grimpé dessus, et j'ai vu mon naif, pendant la nuit dernière, faisant bouillir sa pâte dans la bassine en cuivre ; j'ai eu beau examiner ses approvisionnements amoncelés dans un coin, tout ce que j'ai pu remarquer, c'est que les matières premières ressemblent à des tas de filasse... | - Ума не приложу,- отвечал Серизе.- Я пробил дыру в кровле, взобрался наверх и наблюдал всю ночь напролет, как мой Простак варил какое-то месиво в медном чане; но, как я ни вглядывался в материалы, сваленные в углу, я заметил только, что сырье это напоминает кудель... |
- N'allez pas plus loin, dit Boniface Cointet d'une voix pateline à son espion, ce serait improbe !... Madame Séchard vous proposera de renouveler votre bail de l'exploitation de l'imprimerie, dites que vous voulez vous faire imprimeur, offrez-la moitié de ce que valent le brevet et le matériel, et si l'on y consentait, venez me trouver. En tout cas, traînez en longueur... ils sont sans argent. | - Не заходите чересчур далеко,- вкрадчивым голосом сказал Бонифас Куэнте своему шпиону,- излишнее любопытство было бы нечестно!.. Госпожа Сешар предложит вам возобновить договор на аренду типографии, скажите ей, что вы-де сами желаете стать хозяином, предложите половину стоимости патента и оборудования и, если она на это согласится, сообщите мне. Во всяком случае, тяните канитель... ведь у них ни шиша? а? |
- Sans un sou ! dit Cérizet. | - Ни шиша! -сказал Сериэе. |
- Sans un sou, répéta le grand Cointet. - Ils sont à moi, se dit-il. | - Ни шиша,- повторил Куэнте-большой. "Они в моей власти",- сказал он про себя. |
La maison Métivier et la maison Cointet frères joignaient la qualité de Banquiers à leur métier de commissionnaires en papeterie, et de papetiers-imprimeurs ; titre pour lequel ils se gardaient bien d'ailleurs de payer patente. Le Fisc n'a pas encore trouvé le moyen de contrôler les affaires commerciales au point de forcer tous ceux qui font subrepticement la banque à prendre patente de banquier laquelle à Paris, par exemple, coûte cinq cents francs. Mais les frères Cointet et Métivier, pour être ce qu'on appelle à la Bourse des marrons, n'en remuaient pas moins entre eux quelques centaines de mille francs par trimestre sur les places de Paris, de Bordeaux et d'Angoulême. Or, dans la soirée même, la maison Cointet frères avait reçu de Paris les trois mille francs d'effets faux fabriqués par Lucien. Le grand Cointet avait aussitôt bâti sur cette dette une formidable machine dirigée, comme on va le voir, contre le patient et pauvre inventeur. | Торговый дом Метивье и торговый дом братьев Куэнте, помимо своих прямых занятий в качестве поставщиков бумаги и бумажных фабрикантов-типографов, подвизались и в качестве банкиров; впрочем, они и не помышляли платить за патент на право заниматься банковскими операциями. Государственная казна не изыскала еще средств контролировать коммерческие сделки и понуждать всех, кто тайно занимается банковскими операциями, брать патент банкира, который в Париже, например, стоит пятьсот франков. Но братья Куэнте и Метивье хотя и были, что называется, биржевыми зайцами, однако каждые три месяца пускали в оборот на биржах Парижа, Бордо и Ангулема несколько сот тысяч франков. Именно в этот вечер торговый дом братьев Куэнте получил из Парижа три векселя по тысяче франков, подделанных Люсьеном. Куэнте-большой тотчас же построил на этом долге чудовищное злоумышление, направленное, как будет видно, против терпеливого и бесхитростного изобретателя. |
Le lendemain, à sept heures du matin, Boniface Cointet se promenait le long de la prise d'eau qui alimentait sa vaste papeterie, et dont le bruit couvrait celui des paroles. Il y attendait un jeune homme, âgé de vingt-neuf ans, depuis six semaines avoué près le Tribunal de première instance d'Angoulême, et nommé Pierre Petit-Claud. | На другой день в семь часов утра Бонифас Куэнте прогуливался у запруды, питавшей его обширную писчебумажную фабрику и шумом своим заглушавшей голоса. Он ожидал тут молодого человека, лет двадцати девяти, по имени Пьер Пти-Кло, который вот уже шесть месяцев состоял стряпчим при суде первой инстанции в Ангулеме. |
- Vous étiez au collége d'Angoulême en même temps que David Séchard, dit le grand Cointet en saluant le jeune avoué qui se gardait bien de manquer à l'appel du riche fabricant. | - Вы обучались в ангулемском лицее вместе с Давидом Сешаром, не так ли?-спросил Куэнте-большой, поздоровавшись с молодым стряпчим, который поспешил явиться на зов богатого фабриканта. |
- Oui, monsieur, répondit Petit-Claud en se mettant au pas du grand Cointet. | - Да, сударь,- отвечал Пти-Кло, стараясь шагать в ногу с Куэнте-большим. |
- Avez-vous renouvelé connaissance ? | - И вы, понятно, возобновили старое знакомство? |
- Nous nous sommes rencontrés deux fois tout au plus depuis son retour. Il ne pouvait pas en être autrement : j'étais enfoui dans l'Etude ou au Palais les jours ordinaires ; et, le dimanche ou les jours de fête, je travaillais à compléter mon instruction, car j'attendais tout de moi-même... | - Мы виделись раза два, не более, после его возвращения в Ангулем. А то как же иначе? В будни я сижу в конторе или в суде; а в воскресенье и прочие празднику занимаюсь, пополняю свое образование; посудите сами, рассчитывать я могу только на свои собственные силы... |
Le grand Cointet hocha la tête en signe d'approbation. | Куэнте-большой кивнул головой в знак одобрения. |
- Quand David et moi nous nous sommes revus, il m'a demandé ce que je devenais. Je lui ai dit qu'après avoir fait mon Droit à Poitiers, j'étais devenu premier clerc de maître Olivet, et que j'espérais un jour ou l'autre traiter de cette charge... Je connaissais beaucoup plus Lucien Chardon, qui se fait maintenant appeler de Rubempré, l'amant de madame de Bargeton, notre grand poète, enfin le beau-frère de David Séchard. | - В первую нашу встречу с Давидом он спросил меня, чем я занимаюсь. Я сказал, что, окончив юридический факультет в Пуатье, служил старшим клерком у мэтра Оливе и что надеюсь, рано или поздно, стать его преемником.,. Я более коротко знаком с Люсьеном Шардоном, или с господином де Рюбампре, как теперь называет себя возлюбленный госпожи де Баржетон, с нашим великим поэтом, короче, с шурином Давида Сешара. |
- Vous pouvez alors aller annoncer à David votre nomination et lui offrir vos services, dit le grand Cointet. | - Почему бы вам не известить Давида о вашем назначении и не предложить ему свои услуги,- сказал Куэнте-болыпой. |
- Cela ne se fait pas, répondit le jeune avoué. | - Это не принято,- сказал молодой стряпчий. |
- Il n'a jamais eu de procès, il n'a pas d'avoué, cela peut se faire, répondit Cointet qui toisait à l'abri de ses lunettes le petit avoué. | - Он никогда не судился, у него нет своего поверенного, почему бы вам не стать таковым,- отвечал Куэнте и под прикрытием своих очков смерил взглядом щуплого стряпчего с головы до ног. |
Fils d'un tailleur de l'Houmeau, dédaigné par ses camarades de collége, Pierre Petit-Claud paraissait avoir une certaine portion de fiel extravasée dans le sang. Son visage offrait une de ces colorations à teintes sales et brouillées qui accusent d'anciennes maladies, les veilles de la misère, et presque toujours des sentiments mauvais. Le style familier de la conversation fournit une expression qui peut peindre ce garçon en deux mots : il était cassant et pointu. Sa voix fêlée s'harmoniait à l'aigreur de sa face, à son air grêle, et à la couleur indécise de son oeil de pie. L'oeil de pie est, suivant une observation de Napoléon, un indice d'improbité. - Regardez un tel, disait-il à Las-Cazes à Sainte-Hélène en lui parlant d'un de ses confidents qu'il fut forcé de renvoyer pour cause de malversations, je ne sais pas comment j'ai pu m'y tromper si long-temps, il a l'oeil d'une pie. Aussi, quand le grand Cointet eut bien examiné ce petit avoué maigrelet, piqué de petite vérole, à cheveux rares, dont le front et le crâne se confondaient déjà, quand il le vit faisant déjà poser à sa délicatesse le poing sur la hanche, se dit-il : - Voilà mon homme. En effet, Petit-Claud, abreuvé de dédains, dévoré par une corrosive envie de parvenir, avait eu l'audace, quoique sans fortune, d'acheter la charge de son patron trente mille francs, en comptant sur un mariage pour se libérer ; et, suivant l'usage, il comptait sur son patron pour lui trouver une femme, car le prédécesseur a toujours intérêt à marier son successeur, pour se faire payer sa charge. Petit-Claud comptait encore plus sur lui-même, car il ne manquait pas d'une certaine supériorité, rare en province, mais dont le principe était dans sa haine. Grande haine, grands efforts. | Сын портного из Умо, презираемый товарищами по коллежу, Пьер Пти-Кло, казалось, страдал разлитием желчи. Землистый цвет лица изобличал застарелые недуги, ночные бдения нищеты и безусловно низкие страсти. На обиходном языке существует выражение, способное обрисовать этого малого в двух словах: колючий, как заноза. Надтреснутый голос был в полном соответствии с его кислой физиономией, тщедушной фигуркой и неопределенным цветом сорочьих глаз. Сорочий глаз, по наблюдению Наполеона, признак криводушия. "Поглядите на такого-то,- сказал он Ласказу, будучи на острове св. Елены, об одном из приближенных, которого он отстранил от должности за разные неблаговидные дела.- Как могло случиться, что я столь долгое время ошибался в нем. Ведь у него сорочий глаз". Вот почему Куэнте-большой, вглядевшись внимательно в невзрачного, хилого адвоката с лицом, изрытым оспой, с волосами столь редкими, что лысина, начавшаяся со лба, обнажила уже и темя, сказал про себя: "Такой, как ты, мне и надобен". И в самом деле, Пти-Кло, вполне познавший всю тяжесть людского презрения, пожираемый жгучим желанием возвыситься, дерзнул купить за тридцать тысяч франков дело своего патрона единственно в расчете на выгодную женитьбу, надеясь, что невесту, как водится, подыщет ему сам патрон, ибо кто же, как не он, более всего заинтересован женить поскорее своего преемника и тем самым помочь ему рассчитаться за приобретенную контору? Но еще более Пти-Кло рассчитывал на самого себя, ибо он все же был человеком незаурядных качеств, хотя в основе их лежала ненависть. Великая ненависть - великая сила! |
Il se trouve une grande différence entre les avoués de Paris et les avoués de province, et le grand Cointet était trop habile pour ne pas mettre à profit les petites passions auxquelles obéissent ces petits avoués. A Paris, un avoué remarquable, et il y en a beaucoup, comporte un peu des qualités qui distinguent le diplomate : le nombre des affaires, la grandeur des intérêts, l'étendue des questions qui lui sont confiées, le dispensent de voir dans la Procédure un moyen de fortune. Arme offensive ou défensive, la Procédure n'est plus pour lui, comme autrefois, un objet de lucre. En province, au contraire, les avoués cultivent ce qu'on appelle dans les Etudes de Paris la broutille, cette foule de petits actes qui surchargent les mémoires de frais et consomment du papier timbré. | Существует огромное различие между парижским стряпчим и стряпчим провинциальным, и Куэнте-большой был чересчур хитер, чтобы не извлечь выгоды из страстишек мелких ходатаев по делам. В Париже видный ходатай по делам, а таких там много, обладает в некоторой степени качествами, отличающими дипломата; крупные дела, широта интересов, значительность доверяемых ему вопросов избавляют его от необходимости видеть в судопроизводстве лишь источник обогащения. Судопроизводство, как оружие наступательное или оборонительное, уже не составляет для него, как в былое время, средства наживы. В провинции, напротив, ходатаи по делам занимаются тем, что в парижских конторах именуется крючкотворством, короче сказать, составлением тьмы мелких актов, которые обременяют дела судебными пошлинами и попусту поглощают гербовую бумагу. |
Ces bagatelles occupent l'avoué de province, il voit des frais à faire là où l'avoué de Paris ne se préoccupe que des honoraires. L'honoraire est ce que le client doit, en sus des frais, à son avoué pour la conduite plus ou moins habile de son affaire. Le Fisc est pour moitié dans les frais, tandis que les honoraires sont tout entiers pour l'avoué. | Подобные мелочи весьма занимают провинциального стряпчего, он искусственно увеличивает расходы, связанные с судопроизводством, между тем как парижский стряпчий довольствуется вознаграждением. Вознаграждение - это то, что клиент обязан уплатить, сверх судебных издержек, своему стряпчему за более или менее успешное ведение его дела. Государственная казна взимает в свою пользу половину судебных издержек, вознаграждение же полностью поступает стряпчему. |
Disons-le hardiment ! Les honoraires payés sont rarement en harmonie avec les honoraires demandés et dus pour les services que rend un bon avoué. Les avoués, les médecins et les avocats de Paris sont, comme les courtisanes avec leurs amants d'occasion, excessivement en garde contre la reconnaissance de leurs clients. Le client, avant et après l'affaire, pourrait faire deux admirables tableaux de genre, dignes de Meissonnier, et qui seraient sans doute enchéris par des Avoués-Honoraires. Il existe entre l'avoué de Paris et l'avoué de province une autre différence. | Скажем прямо! Вознаграждение выплаченное редко находится в соответствии с вознаграждением обусловленным и достойным услуг, оказанных искусным стряпчим. Парижские стряпчие, врачи, адвокаты относятся к обещаниям своих клиентов с чрезвычайной осторожностью, как куртизанки к посулам случайных любовников. Клиент до и после судебного разбирательства может послужить темою для двух восхитительных жанровых картинок, достойных кисти Мейссонье, и они, конечно, пришлись бы по вкусу почтенным стряпчим. Существует еще одно различие между парижскими стряпчими и стряпчими провинциальными. |
L'avoué de Paris plaide rarement, il parle quelquefois au Tribunal dans les Référés ; mais, en 1822, dans la plupart des départements (depuis, l'avocat a pullulé), les avoués étaient avocats et plaidaient eux-mêmes leurs causes. De cette double vie, il résulte un double travail qui donne à l'avoué de province les vices intellectuels de l'avocat, sans lui ôter les pesantes obligations de l'avoué. L'avoué de province devient bavard, et perd cette lucidité de jugement, si nécessaire à la conduite des affaires. En se dédoublant ainsi, un homme supérieur trouve souvent en lui-même deux hommes médiocres. | Парижский стряпчий редко защищает дело в суде, самое большее, если он выступит ври докладе дела; но в 1822 году в большей части округов (позже защитников развелось великое множество) стряпчие начинают уже совмещать обязанности защитников и сами выступают в суде. Из этой двойной роли проистекает и двойная работа, порождающая в провинциальном стряпчем профессиональные пороки адвоката, не освобождая его от тягостных обязанностей стряпчего. Провинциальный стряпчий становится пустословом, утрачивает ясность мысли, столь нужную для ведения дела. Нередко даже недюжинный человек должен чувствовать себя при подобном раздвоении какой-то двуликой посредственностью. |
A Paris, l'avoué ne se dépensant point en paroles au Tribunal, ne plaidant pas souvent le Pour et le Contre, peut conserver de la rectitude dans les idées. S'il dispose la balistique du Droit, s'il fouille dans l'arsenal des moyens que présentent les contradictions de la Jurisprudence, il garde sa conviction sur l'affaire, à laquelle il s'efforce de préparer un triomphe. En un mot, la pensée grise beaucoup moins que la parole. A force de parler, un homme finit par croire à ce qu'il dit ; tandis qu'on peut agir contre sa pensée sans la vicier, et faire gagner un mauvais procès sans soutenir qu'il est bon, comme le fait l'avocat plaidant. Aussi le vieil avoué de Paris peut-il faire, beaucoup mieux qu'un vieil avocat, un bon juge. Un avoué de province a donc bien des raisons d'être un homme médiocre : il épouse de petites passions, il mène de petites affaires, il vit en faisant des frais, il abuse du Code de Procédure, et il plaide ! En un mot, il a beaucoup d'infirmités. Aussi, quand il se rencontre parmi les avoués de province un homme remarquable, est-il vraiment supérieur ! | В Париже стряпчий не разменивается на словоблудие в суде, не злоупотребляет доводами за и против и может, стало быть, сохранить прямоту мнения. Пускай он владеет баллистикой права, пускай находит себе оружие в арсенале противоречий юриспруденции, он все же сохраняет свое личное мнение о деле, которому он с таким рвением пытается доставить торжество. Короче сказать, мысль опьяняет гораздо менее, нежели слово. Опьяненный собственными речами, человек сам начинает в конце концов верить в то, что он говорит; между тем можно действовать против своих мнений, однако не утрачивая их, и можно выиграть неправое дело, не доказывая его правоты, как это делает в суде адвокат. Стало быть, старый парижский стряпчий скорее может оказаться справедливым судьей, нежели старый адвокат. Итак, у провинциального стряпчего достаточно причин стать человеком дюжинным: он погрязает в мелких страстишках, ведет мелкие дела, кормится за счет судебных издержек, злоупотребляет судопроизводством и сам защищает дело в суде! Словом, у него много слабостей. Но если встречается среди провинциальных стряпчих человек выдающийся, то это поистине человек недюжинный! |
- Je croyais, monsieur, que vous m'aviez mandé pour vos affaires, répondit Petit-Claud en faisant de cette observation une épigramme par le regard qu'il lança sur les impénétrables lunettes du grand Cointet. | - Я полагал, сударь, что вы приглашали меня ради личных дел,- сказал Пти-Кло, обращая это замечание в колкость одним лишь взглядом, который он бросил на непроницаемые очки Куэнте-большого. |
- Pas d'ambages, répliqua Boniface Cointet. Ecoutez-moi... | - Без обиняков...- отвечал Бонифас Куэнте,- скажу вам... |
Après ce mot, gros de confidences, Cointet alla s'asseoir sur un banc en invitant Petit-Claud à l'imiter. | При этих словах, чреватых доверительностью, Куэнте сел на скамью, приглашая Пти-Кло последовать его примеру. |
- Quand monsieur du Hautoy passa par Angoulême en 1804 pour aller à Valence en qualité de consul, il y connut madame de Sénonches, alors mademoiselle Zéphirine, et il en eut une fille, dit Cointet tout bas à l'oreille de son interlocuteur... Oui, reprit-il en voyant faire un haut-le-corps à Petit-Claud, le mariage de mademoiselle Zéphirine avec monsieur de Sénonches a suivi promptement cet accouchement clandestin. Cette fille, élevée à la campagne chez ma mère, est mademoiselle Françoise de La Haye, dont prend soin madame de Sénonches qui, selon l'usage, est sa marraine. Comme ma mère, fermière de la vieille madame de Cardanet, la grand'mère de mademoiselle Zéphirine, avait le secret de l'unique héritière des Cardanet et des Sénonches de la branche aînée, on m'a chargé de faire valoir la petite somme que monsieur Francis du Hautoy destina dans le temps à sa fille. Ma fortune s'est faite avec ces dix mille francs, qui se montent à trente mille francs aujourd'hui. Madame de Sénonches donnera bien le trousseau, l'argenterie et quelque mobilier à sa pupille ; moi, je puis vous faire avoir la fille, mon garçon, dit Cointet en frappant sur le genou de Petit-Claud. En épousant Françoise de La Haye, vous augmenterez votre clientèle de celle d'une grande partie de l'aristocratie d'Angoulême. Cette alliance, par la main gauche, vous ouvre un avenir magnifique... La position d'un avocat-avoué paraîtra suffisante : on ne veut pas mieux, je le sais. | - В 1804 году, изволите видеть, господин дю Отуа, по пути в Валенсию, куда он был назначен консулом, оказался заездом в Ангулеме; тут-то он и сошелся с госпожой де Сенонш, в то время еще девицей Зефириной, и прижил с нею дочь,-сказал Куэнте на ухо своему собеседнику.-Да-да,- продолжал он, отвечая на недоуменное движение Пти-Кло,- свадьбу девицы Зефирины с господином де Сенонш сыграли вскоре после ее тайных родов. Так вот эта самая Франсуаза де Ляэ, с которой нянчится госпожа де Сенонш, выдавая себя, как водится, за ее крестную мать, и есть та девчурка, которую в деревне выпестовала моя матушка. Мать моя, фермерша старой госпожи де Кардане, бабушки Зефирины, была посвящена в тайну единственной наследницы рода де Кардане и старшей ветви рода де Сенонш. Когда понадобилось повыгоднее пристроить капиталец, которым господин Франсис дю Отуа рассудил обеспечить будущее своей дочери, дело это было препоручено мне. Вот эти-то десять тысяч франков, возросшие к нынешнему дню до тридцати тысяч франков, и положили начало моему благосостоянию. Госпожа де Сенонш, само собой, даст за своей питомицей приданое, серебро и кое-какую мебель; ручаюсь, я сосватаю тебя, голубчик! - сказал Куэнте, хлопнув Пти-Кло по коленке.- Женитьба на Франсуазе де Ляэ сулит (Практику среди доброй половины ангулемской знати. Родство с побочной ветвью аристократического рода обеспечит Блестящее будущее... А со званием адвоката-стряпчего родня примирится: о большем они и не мечтают, поверьте мне! |
- Que faut-il faire ?... dit avidement Petit-Claud, car vous avez maître Cachan pour avoué... | - Что же прикажете делать? - с живостью сказал Пти-Кло.- Ведь ваш стряпчий - мэтр Катан... |
- Aussi ne quitterai-je pas brusquement Cachan pour vous, vous n'aurez ma clientèle que plus tard, dit finement le grand Cointet. Ce qu'il faut faire, mon ami ? eh ! mais les affaires de David Séchard. Ce pauvre diable a mille écus de billets à nous payer, il ne les payera pas, vous le défendrez contre les poursuites de manière à faire énormément de frais... Soyez sans inquiétude, marchez, entassez les incidents. Doublon, mon huissier, qui sera chargé de l'actionner, sous la direction de Cachan, n'ira pas de main morte... A bon écouteur, un mot suffit. Maintenant, jeune homme ?... | - К чему тут Кашан? Неужто ради вас я так сразу и распрощусь с ним? Вам я препоручу ведение моих дел чуть позже,- любезно вставил Куэнте-болыыой.- А что мы вам препоручаем, мой друг? Дела Давида Сешара. Бедняга должен нам заплатить по векселям тысячу экю и, конечно, не заплатит; вам надобно защищать его от преследования по суду таким манером, чтобы вогнать в огромные издержки... Будьте покойны, действуйте смело, нагромождайте осложнения. Дублон, пристав коммерческого суда, на котором лежит обязанность взыскивать издержки, не будет сидеть сложа руки... Умному человеку с одного слова все понятно. Итак, молодой человек?.. |
Il se fit une pause éloquente pendant laquelle ces deux hommes se regardèrent. | Наступило красноречивое молчание, а тем временем собеседники поглядывали друг на друга. |
- Nous ne nous sommes jamais vus, reprit Cointet, je ne vous ai rien dit, vous ne savez rien de monsieur du Hautoy, ni de madame de Sénonches, ni de mademoiselle de La Haye ; seulement, quand il en sera temps, dans deux mois, vous demanderez cette jeune personne en mariage. Quand nous aurons à nous voir, vous viendrez ici, le soir. N'écrivons point. | - Мы с вами никогда не встречались,- опять заговорил Куэнте,- я вам ничего не сказал, вы ничего не знаете ни о господине дю Отуа, ни о госпоже де Сенонш, ни о девице де Ляэ; но когда придет время,- так месяца через два, вы попросите руки этой молодой особы. Ежели потребуется встретиться со мною, пожалуйте сюда, ввечеру. Никакой переписки. |
- Vous voulez donc ruiner Séchard ? demanda Petit-Claud. | - Вы, значит, хотите разорить Сешара?-спросил Пти-Кло. |
- Pas tout à fait ; mais il faut le tenir pendant quelque temps en prison... | - Не вполне так; но на некоторое время не дурно бы посадить его в тюрьму... |
- Et dans quel but ?... | - А зачем, смею спросить? |
- Me croyez-vous assez niais pour vous le dire ? si vous avez l'esprit de le deviner, vous aurez celui de vous taire. | - Неужто я такой простофиля, что так вам все и выложу? Если у вас достанет ума догадаться, достанет и смекалки помолчать. |
- Le père Séchard est riche, dit le Petit-Claud en entrant déjà dans les idées de Boniface et apercevant une cause d'insuccès. | - Папаша Сешар богат,- сказал Пти-Кло, входя в интересы Бонифаса и предусматривая причину возможной неудачи дела. |
- Tant que le père vivra, il ne donnera pas un liard à son fils et cet ex-typographe n'a pas encore envie de faire tirer son billet de mort... | - Покуда папаша жив, он ни лиара не даст сыну, а этот бывший печатник и не собирается еще протянуть ноги. |
- C'est entendu ! dit Petit-Claud qui se décida promptement. Je ne vous demande pas de garanties, je suis avoué ; si j'étais joué, nous aurions à compter ensemble. | - Быть тому!-сказал Пти-Кло, живо склонившись на уговоры.- Я не прошу у вас никакого залога, я стряпчий; ежели вы меня обманете, мы с вами посчитаемся. |
- Le drôle ira loin, pensa Cointet en saluant Petit-Claud. | "Далеко пойдет, каналья!" - подумал Куэнте, прощаясь с Пти-Кло. |
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